Élòj kréyòl
Élòj kréyòl (éloge créole) est une recherche par le design que nous avons débuté en Aout 2015 autour de l’Histoire des Antilles.
Nous avons choisi comme terrain d’exploration et de réflexion l’île de la Guadeloupe d’où Dimitri est originaire, et dont l’ancrage nous a permis de mieux comprendre les mécanismes et les éléments à l’origine de sa culture.
Construite « à partir de restes » pour reprendre les termes du poète et écrivain Ernest Pépin, la culture créole a longtemps souffert d’une infirmation, due à son passé esclavagiste présenté comme un héritage « imposé » et à l’origine de sa création.
A travers notre démarche, nous proposons de générer un nouvel imaginaire à cette histoire créole en utilisant ces « restes » qui la constituent comme de véritables forces vectorielles, capables de construire et scénographier une identité propre et forte à l’île, dont chacun pourrait s’emparer.
Élòj kréyòl is a research project on the layered history of the West Indies initiated by design duo dach&zephir in 2015. Central to the project is an effort is to unveil and activate the diverse mechanisms that have nourished and continue to nourish Creole culture. At the heart of this effort is the creative (re)appreciation and dissemination of silenced aspects of this vibrant Creole culture.
The island of Guadeloupe, birthplace of Dimitri, formed a first territory of exploration and reflection, resulting in the Master thesis “Les mailles fertiles d’un créole” (The fertile mesh of a Creole) and a series of objects inspired by the genealogy of the island. In his thesis, Dimitri questioned what an inherited slavery past consists of in terms of cultural heritage, and looked for ways to read, take responsibility for and transmit this complex legacy today.
According to poet and writer Ernest Pépin, one of the interlocutors of the project, Creole culture is built “à partir de restes”, from leftovers, and suffers a long time handicap caused by the “imposed heritage” of slavery, which on the one hand negates the anteriority of the island prior to its oppression, and on the other, leaves the current generation who inherited this past.
« Le problème que cette entrée pose est le regard que l’on pose sur l’histoire de l’esclavage, entre douleur et domination, oubliant aussi les formes de rébellion et autres réponses à l’abomination qui vont donner naissance à des postures, des gestes créatifs, des façons de faire et d’être et dont nous sommes aussi les héritiers. » says the duo (The problem of this view is that the history of slavery is reduced to one of pain and domination, eluding forms of rébellion and other responses to the abomination that will lead to créative postures, gestures, ways of doing and being of which we are also the heirs.)
In answer to this deadlock, dach&zephir intend to generate a new imaginary for this history by using leftovers of the islands’ identities as directional lines capable of structuring an identity that does justice to the island, and which everybody could make their own.
With Élòj kréyòl, dach&zephir intend to borrow the attitude of an archeologist, historian and writer-poet in order to arrive to the position of a designer. They activate the concept of leftovers by setting up a production chain of objects inspired by historical, cultural and territorial resources of the islands. Bringing these richness’s to the foreground is a way to attend to the anteriority and historicity of Creole culture, which according to dach&zephir is in constant becoming, alive and inspiring.
Étagère Perlé 2023
Territoire
- Guadeloupe & Avignon
Matériaux
- Perles de buis
- Mahogany
- Graines (savonette, larme de shiva et palmier royal)
Type
- Recherche
Lampe Salako 2023
Territoire
- Les saintes
Acteurs
- Famille Beaujours
- Joints Fournel et Garnier
- Mondes nouveaux
Matériaux
- Aluminium
- Fil Nylon
Machann Pannié 2023
Territoires
- Guadeloupe
- France hexagonale
Acteurs
- Gérard Ako, Camille Beaujour, Sonia Biabiany, Jacky, Michèle Salmon (artisans de Guadeloupe)
- François Desplanches, Antonin Mongin, Amélie Rouillon, Valérie Testu, Aurélie Vigne (artisans de la France hexagonale)
Matériaux
- Bakoua, typha, cuir végétal, bichèt a koko, arouman, cachibou, aluminium, bois des Antilles, fils de laiton, bambou, feuille de cocotier (issus des Antilles)
- osier blanc, osier brut (techniques de clôtures variées)
Type
- Projet de recherche et création, lauréat du Fonds Régional pour les Talents Emergents (FoRTE) et du Fonds de production artistique Enowe-Artagon
« Machann Pannié » est un projet de recherche et création mené par le duo de designers dach&zephir autour de l’art de la vannerie qui s’écrit entre les Antilles-Françaises (Guadeloupe / Martinique) et la France hexagonale. Il constitue le troisième volet d’une recherche polysémique et protéiforme autour de l’histoire des Antilles intitulée Eloj Kréyol (2015), proposant de réconcilier et de réactiver les lignes de vie artisanales et culturelles qui ont été négligées, oubliées ou/et minorées dans la généalogie de l’archipel des Antilles françaises. Si les premiers volets s’intéressaient à l’émergence d’une pensée de design aux Antilles, à travers la création d’objets-témoins valorisant des tactiques et des pratiques créatives qui sont la manifestation d’une « intelligence rusée » [André Lucrèce, 2019], ce nouveau chapitre s’intéresse à la possibilité d’une pensée créative et de narrations partagées entre les Antilles françaises et la France hexagonale, à travers une figure unique : l’artisan / fabricant de paniers.
La vannerie française est largement reconnue et répandue aujourd’hui. Mais ses manifestations particulières aux Antilles n’apparaissent pas dans les récits officiels à propos du métier. Souvent invisibilisée, la figure de l’artisan vannier aux Antilles laisse place à celle du « fabricant » ou du « marchand de paniers », mettant sous silence tout un pan de l’histoire créative de ce savoir-faire. En développant des processus de création ouverts et hybrides, le studio invite une dizaine d’artisans vanniers de la Guadeloupe et de la France métropolitaine à réfléchir durablement à l’inscription de ces histoires dans le récit des îles et plus largement dans une histoire partagée de la France.
Les objets-témoins (corbeilles et paniers) issus de cette recherche expérimentale donnent à voir des pensées, des cultures et des imaginaires en relation, redonnant ses lettres de noblesse à cette typologie d’objets du quotidien.
Pensé comme un prolongement de l’exposition présentée à la DS Galerie dans le cadre de la Paris design week 2023 (06.09.2023 — 16.09.2023), le journal présent dans l'exposition revient sur différentes rencontres qui ont nourries la recherche de terrain menée par dach&zephir à propos des histoires du métier en Guadeloupe et en France hexagonale. Chacune à leur manière, elles ont permis de comprendre les enjeux sous-jacents de ce savoir-faire qui ne s’écrit pas de la même façon aux Antilles ou France hexagonale. Ensemble, elles ont permis d’enrichir les intentions du projet et parfois même d’en modifier le cours pour répondre à des formes d’urgences, problématiques réelles, et enfin rendre lisible ce que les objets — dans ce cas particulier : le panier et la corbeille — nous racontent en silence. Il en résulte alors des objets fortement imprimés de l’essentialité et la quotidienneté historiques du savoir-faire, où la question de l’expérimentation et l’approche manifeste — à l’origine du projet — ont laissé place à une posture certes mesurée mais teintée d’imaginaires possibles et souhaitables, en écho à ce qui a été collecté, conté, fantasmé au détour de ces conversations.
dach&zephir, presented Machann Pannié, a research and creation project based on the art of basketry, at DS Galerie as part of Paris Design Week 2023. Machann Pannié is the third part of Élòj kréyòl, a research project the studio has been conducting since 2015 on the cultural and creative histories of the French West Indies. At the heart of this effort is the creative (re)appreciation and dissemination of the silenced aspects of Creole culture. This new chapter examines the possibility of creative thinking and shared narratives between the French West Indies and mainland France, through the figure of the basket-maker.
dach&zephir is a Franco-Caribbean design studio founded in 2016 by Florian Dach and Dimitri Zephir, both graduates of the École des Arts Décoratifs de Paris. By focusing on the anteriority and historicity of Creole culture, the duo seeks to bring out all its richness.
Caribbean Beauties 2023
Territoires
- Guadeloupe
- Martinique
Acteurs
- Musée de la Graine
- Coalys (artisan du patrimoine)
- Salon de Montrouge (66e édition)
Matériaux
- Local woods (courbaril, bois de rose, hêtre blanc, amandier, palmier noir, poirier pays, maho bleu)
- Local rocks (lava stone and lime stone)
- Local seeds (grenn job, wawa, savonnette, pois gogàn, œil de bœuf, kannik, oreille à mulâtre, pois sabre, palmier royal, larmes de shiva)
Type
- Decorative/Sculpture objects
Curated by Guillaume Désanges & Coline Davenne (work method) for the 66e edition of Salon de Montrouge, Carribean Beauties continue an experimental artistic work we initiated during the Slanted/Enchanted exhibition in Toronto.
This serie of six unique piece was imaginated as an ode to the Carribean ressources (here Guadeloupe) : a selection of local woods (courbaril, bois de rose, hêtre blanc, amandier, palmier noir, poirier pays, maho bleu), local rocks (lava stone and lime stone) combine with local seeds (grenn job, wawa, savonnette, pois gogàn, œil de bœuf, kannik, oreille à mulâtre, pois sabre, palmier royal, larmes de shiva) create pieces in between decorative objects and sculptures.
Behind a visual and poetic impression, these objects/sculptures refer to an ancient practices of making jewellery from plants perpetuated by the slaves and continue nowadays.
A famous example is the « collier de nègre » archive (Prévost, 1884) that presents a necklace made from the seeds of Job's-tears - which can be easily slipped on a thread.
By wearing these adornments during weekend meetings between slaves, they (especially women) sought to represent themselves as equal to white people magnified by their costumes and jewels whose pearly colour was surprisingly similar to these wild seeds collected from ditches
This new « green » gold is in fact a creative ruse from the slavery community face to the colonial authority that puts in place sumptuary laws (from the 1720s) which defined a "stylistic" code for slaves - with the interdiction of wearing certain fabrics - notably lace and silk - and gold jewellery, symbols of wealth and power.
Curated by Guillaume Désanges & Coline Davenne (work method) for the 66e edition of Salon de Montrouge, Carribean Beauties continue an experimental artistic work we initiated during the Slanted/Enchanted exhibition in Toronto.
This serie of six unique piece was imaginated as an ode to the Carribean ressources (here Guadeloupe) : a selection of local woods (courbaril, bois de rose, hêtre blanc, amandier, palmier noir, poirier pays, maho bleu), local rocks (lava stone and lime stone) combine with local seeds (grenn job, wawa, savonnette, pois gogàn, œil de bœuf, kannik, oreille à mulâtre, pois sabre, palmier royal, larmes de shiva) create pieces in between decorative objects and sculptures.
Behind a visual and poetic impression, these objects/sculptures refer to an ancient practices of making jewellery from plants perpetuated by the slaves and continue nowadays.
A famous example is the « collier de nègre » archive (Prévost, 1884) that presents a necklace made from the seeds of Job's-tears - which can be easily slipped on a thread.
By wearing these adornments during weekend meetings between slaves, they (especially women) sought to represent themselves as equal to white people magnified by their costumes and jewels whose pearly colour was surprisingly similar to these wild seeds collected from ditches
This new « green » gold is in fact a creative ruse from the slavery community face to the colonial authority that puts in place sumptuary laws (from the 1720s) which defined a "stylistic" code for slaves - with the interdiction of wearing certain fabrics - notably lace and silk - and gold jewellery, symbols of wealth and power.
Éloj Kréyol - Field Essays 55.3 2019
Territoires
- Martinique
- Guadeloupe
Acteurs
- Onomatopee
- Field Essays
- Sophie Krier
- Lucy Cotter (théoricienne décoloniale)
- Thomas Golsenne (historien de l’art)
- André Lucrèce (poète et sociologue)
- Inedition
- Creative Industries Fund NL
- EnsadLab
Matériau
- Papier
Type
- Livre (119 pages) édité à 1000 exemplaires EN - FR
Ce quatrième numéro de Field Essays1 met en lumière la recherche Éloj Kréyol, menée par le duo de designers dach&zephir (Florian Dach et Dimitri Zephir). Commencée en 2015, Éloj Kréyol est un effort pour réconcilier et réactiver des lignes de vie artisanales et culturelles qui ont été négligées dans la généalogie de l’archipel des Antilles françaises.
Les cinq méandres qui structurent ce livre sont autant d’invitations à méditer sur les biographies enfouies des images d’archives (Rencontre entre Dimitri Zephir, Florian Dach et X, éditée par Sophie Krier) ; les processus de créolisation et d’aliénation qui perdurent dans la société martiniquaise (Paroles créoles, par André Lucrèce) ; l’ingénuité d’une jarre d’eau, d’un simple couteau de cuisine et d’un panier (Tracés d’histoires, par dach&zephir) ; les richesses et les inconnues d’une coopération à travers des cultures dans le domaine du design (Le design comme forme relationnelle, l’esthétique comme agentivité : à propos de dach&zephir, par Lucy Cotter) ; la circulation des normes esthétiques au au tournant du siècle (La ninfacréole, par Thomas Golsenne) ; et ce que nous donnons en héritage à la prochaine génération (Nasyon A Ti Kréyol, Le design comme forme de transmission, par dach&zephir avec École Michèle Gisquet, Vauclin, Martinique). Bon lekti! Bonne lecture2 !
Ce numéro de Field Essays a été rendu possible grâce au soutien de Creative Industries Fund NL, Onomatopee Projects, Provincie Brabant, Atelier Sophie Krier, EnsadLab – PSL Université Paris et des auteurs © 2019
- Field Essays adopte une approche éditoriale envers la recherche par la pratique. Elle prends la forme d’une plateforme de conversation qui explore des pratiques périphériques en quête de nouveaux terrains, et de méthodes alternatives. De cette manière, Field Essays articule les pratiques d’aujourd’hui. Field Essays est une plateforme de recherche fondée et dirigée par l’artiste et chercheuse Sophie Krier et canalisée par Onomatopee. Design graphique: Inedition ↑
- Prix de vente: 20 euros. Pour acheter un exemplaire, rendez-vous ici: Onomatopee ↑
The fourth issue of Field Essays1 brings to the fore the research Éloj Kréyol by design-duo dach&zephir (Florian Dach and Dimitri Zephir). Initiated in 2015, Éloj Kréyol is an attempt to reconcile, and reactivate neglected artisanal and cultural lifelines in the genealogy of the French Caribbean archipelago.
The five meanders that structure this book are invitations to ponder on the hidden biographies of archival images (Encounter between Dimitri Zephir, Florian Dach and X, edited by Sophie Krier); the enduring creolisation and alienation processes in Martiniquan society (Creole Voices by André Lucrèce); the material ingenuity of a water jar, a simple kitchen knife, and a basket (Mapping Histories by dach& zephir); the richness’s and unknowns of a collaboration across cultures in the field of design (Design as Relationality, Aesthetics as Agency: on dach& zephir by Lucy Cotter); the circulation of aesthetic norms at the turn of the century (The Creole Ninfa by Thomas Golsenne); and our legacy to the upcoming generation (Nasyon A Ti Kréyol, Design as Transmission). Bon lekti! Wishing you a good read2!
This issue of Field Essays was generously supported by Creative Industries Fund NL, Onomatopee Projects, Provincie Brabant, Atelier Sophie Krier, EnsadLab – PSL Université Paris and authors © 2019
- Field Essays takes an editorial approach to practice-based research. It functions as a living conversation platform that explores peripheral practices probing unknown territories, methods and works. In this way, Field Essays articulates living practices today. Field Essays is a research platform initiated and led by artist/researcher Sophie Krier and released through Onomatopee. Graphic design by Inedition ↑
- Price: 20 euros. Order your copy via Onomatopee ↑
Pòpòt 2018
Territoire
- Martinique
Matériaux
- Plaquage de bananier
- structure en aluminium
- assemblage mécanique (vis nickelée)
Type
- Collection de luminaires, éditée par TIBAN
Prenant appui sur l’imaginaire de la culture créole des Antilles, l’applique murale Popote - en référence à la texture du régime de banane - se présente comme une vision élogieuse et élégante du « reste », par la mise en forme d’un semi-produit inédit et fabriqué à partir du faux-tronc du bananier des Antilles :
le placage de bananier. Découpé à plat, le placage de bananier est mis en tension sur une structure qui lui dessine son architecture.
Sa texture, Identifiable par ses veines droites et sa translucidité irrégulière, joue des ombres et des lumières pour créer son propre motif.
Drawing on the imagination of the Creole culture of the West Indies, the wall lamp Popote — in reference to the texture of the banana diet — is presented as a glowing and elegant vision of the leftover generated by the harvesting of banana in Martinique. It continues our collaboration with the carribean brand Tiban exploring the beauty of creole heritages.
Fibanco, a local industry based into the bananerries, develops a semi-product made from the banana stem: the banana veneer, mostly used in a decorative way.
We decided to design an object that explores the technical and aesthetic potentialities of the material.
Cut flat, the banana veneer is put in tension on a brass structure that draws its architecture and gives this unique shape. Behind this modest shaping, there is also technical and economical restrictions, to make possible a 100% local production (between Martinique and Guadeloupe).
The texture, identifiable by its straight veins and its irregular translucency, plays with shadows and lights to create its own motif.
Manman Dlo 2018
Territoires
- Une histoire de l’eau dans le sud de la Martinique
- Avant 1950
Acteurs
- M. Alexandre AUDEL (potier, archive orale)
- Les Cahiers du Patrimoine (archives)
- Vannerie du Morne des Esses (vannerie)
- Marbrerie du Lamentin
Matériaux
- Terre-cuite non émaillée
- Grenn job (graines)
- Vannerie karayib
- Marbre
- Gobelet en plastique
Type
- dispositif-service à eau
Sur l’île de la Martinique et plus particulièrement dans le sud, jusqu’aux années 50, la recherche de l’eau a mobilisé les énergies des communautés créoles, mettant en place toute une série de dispositifs liée à sa récupération et à sa conservation depuis les rivières et les mares.
Manman dlo (à traduire en français par la « déesse des eaux » de Martinique) reconvoque cette tradition, qui, bien qu’ancienne, se perpétue encore sur l’île: « cet objet, appelé Manman dlo (la « déesse des eaux » de Martinique) par leurs auteurs, est lui-même constitué de plusieurs éléments hétérogènes : une cruche en terre cuite dobann, inspirée d’une forme de jarre importée massivement d’Aubagne et qui servait dans les Caraïbes à garder de l’eau au frais pendant la journée de travail ; un support circulaire de marbre, qui s’inspire des meubles à eau, des buffets couverts d’une plaque de marbre, fréquents dans les maisons coloniales, dont la froideur de la pierre conservait mieux la fraicheur de l’eau des récipients qu’on posait dessus ; un cerclage de vannerie karaïb, produite en Martinique selon une technique locale ; un collier en grèn job ou « larmes de Job », des graines sauvages à la belle couleur nacrée qu’on trouve dans les régions tropicales et dont les pauvres se servent pour faire des parures ; ou encore un globelet de plastique, importation européenne. À travers l’association de matériaux aussi divers, Manman Dlo témoigne des mélanges, transformations et traductions qui constituent le propre de la culture créole. » (in La Ninfa créole, Meanderings in the field of decolonial design — Field Essays 55.3, Thomas Golsenne)
Posée sur un bout de marbre qui permettait de maintenir la fraicheur de
l’eau, la jarre de transport devenait alors objet à part entière du service à eau, présentée aux côtés de timbales, verres, et autres nécessaires essentielles à la consommation de l’eau.
Traversant les époques et les classes sociales de l’île, Manman dlo donne à voir une pratique alternative et écologique devenue l’illustration d’un art de vie(vre) aux Antilles.
For a long time the need of water was a major concern for Creole communities and led them to show ingenuity, creating a series of devices related to its collect and filtering: dobann, chassepagne, hunt, decanter, bassin à lavandé, filter stone.
Manman Dlo reconvoques a use, although former, always perpetuated on the island:
«This object, called Manman dlo (the «water goddess» of Martinique), is itself composed of several heterogeneous elements: a terracotta jug dobann, inspired by a form of jar massively imported from Aubagne and who served in the Caribbean to keep the water cool during the working day; a circular marble support, inspired by water-based furniture, buffets covered with a marble slab, frequent in colonial houses, whose coldness of stone preserved better the freshness of the water of the containers posed on it; a strapping of karaïb basketry, produced in Martinique according to a local technique; a necklace in gren job or «tears of Job», wild seeds with the beautiful pearly color found in the tropics and which the poor use to make ornaments; or a globelet of plastic, European import.
Through the association of such diverse materials, Manman Dlo testifies to the mixes, transformations and translations that constitute the essence of Creole culture.» (Thomas Golsenne)
NATK 2018
Territoire
- Martinique
Acteurs
Matériau
- Matériaux locaux
Type
- Atelier pédagogique
Nasyon a ti kréyol constitue le volet de transmission du projet de recherche éloj kréyol autour de la valorisation de l’histoire et la culture créole par le design. Ce second chapitre, succédant au premier chapitre - chapitre pilote - mené en Guadeloupe, s’est écrit sur l’île soeur : la Martinique.
Pendant trois mois - un mois de pré-recherche et deux mois d’investigation sur le terrain -, les designers ont mené une recherche de fond sur « ce qui fait histoire et identité créole à la Martinique ». Ces trois mois de recherche ont permis de mieux comprendre les richesses de cette île dont les origines se confondent avec l’esclavage colonial, et les différentes façons de s’en emparer pour en faire une identité forte et singulière, riche et ambitieuse.
Par le biais d’une cartographie, d’une bibliothèque de matériaux, de techniques et d’objets, de visites culturelles et d’ateliers pratiques, les designers ont proposé aux élèves de se glisser dans la peau d’explorateurs-artistes, à la découverte des richesses de la Martinique.
Pendant un mois et demi, l’école s’est transformée en un laboratoire d’artistes, véritable espace de liberté, à voix hautes et à multi mains, valorisant une approche orale et ludique, et éminemment didactique.
Tous, membres de la « nasyon a ti kréyol », jouant de la complémentarité des médiums d’expression (photos, dessins, collages, écritures, enregistrements audio, confections plastiques), les explorateurs-artistes sont ainsi devenus les nouveaux ambassadeurs de l’île et de son histoire, à travers la création de 19 totems créoles, proposant 19 visions du monde créole.
Nasyon a ti kréyol [transl. Nation of the Little Creoles] is the transmission part of the éloj kréyol research project on the valorization of Creole history and culture through design. This second chapter, succeeding the first chapter — pilot chapter — conducted in Guadeloupe, was written on the sister island: Martinique.
For three months (a month of pre-research and two months of field investigation), we conducted a fundamental research on «what makes history and Creole identity in Martinique».
These three months of research have made it possible to better understand the richnesses of this island whose origins merge with colonial slavery, and the different ways of capturing it to make it a strong and singular identity, rich and ambitious.
Through a cartography, a library of materials, techniques and objects, cultural visits and practical workshops, we proposed to children to slip into the shoes of an explorers-artists and re-discover the wealth of Martinique.
For a month and a half, the school has turned into a creation laboratory, a true space of freedom, with high voices and multi hands, valorising an oral and fun approach, and eminently didactic.
All members of the Nasyon A Ti Kréyol [NATK], playing on the complementarity of the mediums of expression (photos, drawings, collages, writings, audio recordings, plastic confections), the explorers-artists thus became the new ambassadors of the island and its history, through the creation of 19 Creole totems, offering 19 visions of the Creole world.
Tiban 2017
Territoire
Acteurs
- Domaine de Séverin
- Musée de la vie d’Antan
- Maison Fanhan (ébénistes)
Matériau
- Bois
Type
- Assise en cours d’édition
Le Tiban, dans la culture créole, est un objet fort de sens et d’usage. Objet artisanal, élémentaire et d’une grande humilité, il est l’un des rares objets domestiques de l’époque esclavagiste coloniale que la communauté créole a su/voulu conserver. Réel compagnon de vie, il pouvait être utilisé comme assise, petit meuble d’appoint, objet nomade pour les différentes tâches (extra)domestiques : la toilette, le lavage du linge de maison, la pêche, etc.
Le Tiban est plus qu’un objet. Malgré l’origine de son histoire douloureuse, il représente la proximité, l’entraide, la convivialité, et le partage. Sa pérennité vient de son humilité usuelle et esthétique, mais aussi parce qu’il trouve sa fonction au moment d’un usage.
Nous avons décidé de créer une version moderne du Tiban en l’adaptant aux normes européennes et aux processus industriels tout en gardant une longue histoire derrière l’objet.
The story of the Tiban takes place in the slavery past of the Caribbean island, and particularly in the French West Indies.
It was a piece of furniture created by the slaves from simple reclaimed wooden board cutted with a hand saw. It was one of the rare objects they could own in their small house.
Tiban is not only a small seat. It is traditionally used as a piece of furniture which has multiple functions.
Tiban speaks about proximity, mutual assistance, nomadism (who was the daily life of slaves) this piece of furniture kept on going until nowadays in the creole culture. It is one of the most popular heritage in term of object and of thinking mind.
We decided to create a modern version of the Tiban by adapting it to european standards and industrial process while keeping a strong history behind the object.
Chivé 2015
Territoire
- Guadeloupe
Acteur
- Playground Édition
Matériau
- Coton
Type
- Tapis
Le tapis Chivé fait référence à une image populaire des Antilles : la coiffure de Man Yaya.
Elle illustre une scène d’antan, devenue un véritable rituel pour les petites filles le samedi après-midi : l’heure de la coiffure.
Si cette image se veut esthétisante, elle porte en elle un autre message plus politique : l’acceptation sans renier aucune partie de soi. Le cheveux de la petite est très crépu, ce qui caractérise le cheveux antillais.
Chivé réintègre cette histoire à travers un objet usuel: le tapis. En assumant toutes les composantes. En jouant avec ce qui est supposé « être caché » : les froufrous classiques des tapis sont souvent des détails exclusivement techniques : ils permettent de « nouer » le maillage afin qu’il reste « en forme ».
Chivé is a direct reference to a popular Caribbean image: the Man Yaya. This scene became a ritual for young girls on every Saturday.
The Man Yaya is considered as one of the most beautiful images you can find in old postcard, illustrating traditional creole scenes in Guadeloupe. In reality this image contains also a political message: acceptation of who you are and in this case the frizzy black hair (considered by black girls as a default during a part of the History).
This rug has a similar echo, what also use to be considered as a default in carpet making («froufrou») becomes the most assumed part of the rug. Which give him a singular identity.
Eritaj Kontré 2015
Territoires
- Guadeloupe
- Nevers
Acteurs
- Gérard Ako
- Faïencerie Goerges
Matériaux
- Laiton
- Feuille de cocotier
- Faïence de Nevers
Type
- arts de la table
L’ artisanat est sans doute le meilleur témoin des traditions séculaires du monde. Pourtant si le monde contemporain a tendance à l’associer au passé, il peut être un regard moderne, et définitivement tourné vers l’avenir. Eritaj Kontré naît d’une « collision inattendue » entre la Faïencerie Georges, dont l’héritage réside dans le décor fait main sur émail cru, et l’artisan vannier Gérard Ako qui tresse des objets à partir de feuilles de cocotier.
Associées, ces deux formes de savoir-faire tissent une nouvelle histoire, commune. Les décors originels de la faïence de Nevers sont substitués par des scènes de vie des Antilles. Ils mettent en lumière l’histoire de ces objets tressés par Gérard Ako, jusqu’ici inconnus pour certains. L’histoire de ces feuilles tombées sur le sable, et transformées par la seule passion d’un homme, en objet vivant.
Objets hybrides, les Éritaj Kontré (à traduire en français par «la rencontre des héritages») sont des objets des arts de la table, vacillant entre le fonctionnel des vanneries et le hautement décoratif propre à l’histoire de la Faïencerie Georges.
Éritaj Kontré is born from a « unexpected collision » between Faïencerie Georges in Nevers (France), whose heritage lie in the hand-made decoration on raw enamel, and basket weaver Gérard Ako, who weaves objects from coconut palms in Guadeloupe (french West Indies).
Combining these two forms of know how, create a new shared story about handcraft and especially when we speak about french culture (a complex history which have to exist with his history of immigration but also history of slavery).
The original decor of Nevers earthenware are substituted by Caribbean life scenes to show the possibility to share a common History.
By combining different crafts we want to give a new rise to traditions that seems to fade away in our society.